Assise sur un lit d'hôpital à coté de ce vieux corps bleuis.
J'écris pour extraire ce qui me fait mal, je ne peux rien, j'écris.
J'écris sur ce carnet qui me sert de support.
J'écris des maux navrés ceux que la colère n'emporte.
Je n'ai ni la rage, ni la peur, ni les pleurs.
Je reste sage et sur mon front perlent les gouttes de sueur.
Un sourire aux lèvres, mais pas celui de la joie.
Je l'écoute et rêve de ne pas finir comme ça !
J'ai beau me droguer tous les jours, je ne connais pas ses trips.
Ceux qui dans la nuit la font pleurer, les pires de tous les flips.
Qui la font redevenir petite fille qui réclame sa mère
à coups de voyages dans le temps comme on rêverait d'en faire.
L'enfer est bien réel mais pas fait de fers et de chaînes,
quoi que c'est à son lit de malade que la nuit on l'enchaine.
On l'enchaine, on l'entrave, elle crie qu'on veut la tuer.
Elle veux se barrer de cet endroit pérave mais elle n'a pas moyen de lutter !

Mes gènes me gênent, c'est ma putain de rengaine.
Car jamais on ne gagne si on ne sort pas de ce système :
alcoolisme, dépression, cancer des intestins.
L'obésité en option, c'est ce que me réserve le destin.
Faut pas me laisser couler, il ne faut pas me laisser aller.
Ma propension à l'addiction est un facteur bien mal élevé !
Et même si je n'ai pas de tocs et que j'ai quand même pas mal d'éthique,
je ne peux pas dire que je me moque de cette putain de génétique.

La cirrhose, c'est peut être ce qui me fait le moins peur !
C'est vrai que ma vie est bien plus rose quand de l'alcool, j'hume les vapeurs,
quand je me mets la tête à l'envers, que mes verres se vident, quand je me la colle.
Je ne pense pas trop à ma grand-mère, c'est évident, je ne suis pas folle !
Mais elle non plus, cela est dit, ça tourne encore rond dans ce vieux cerveau décrépit.
Et si ce n'est que par instant, et si ce n'est pas par écrit,
que je vis ce moment que devant vous je livre ici.
C'est à elle que je pense, le soir bien sage au fond de mon lit,
lorsque j'arrête ma danse, qu'il est déjà bien tard la nuit.
Je voudrais lui dire que je l'aime mais les mots ne sortent pas !
C'est toujours la même rengaine quand j'ai quelqu'un en face de moi !
Devrais-je lui répéter ? Pour être sûre qu'elle n'oublie pas.
Mais je sais que dans le fond elle le sait et j'espère qu'elle le saura
jusqu'à la fin de ses vieux os, je ne me fais pas de soucis
car résonnerons encore ces mots écrits sur une page de mon cahier noirci.

Mes gènes me gênent, c'est ma putain de rengaine.
Car jamais on ne gagne si on ne sort pas de ce système :
alcoolisme, dépression, cancer des intestins.
L'obésité en option, c'est ce que me réserve le destin.
Faut pas me laisser couler, il ne faut pas me laisser aller.
Ma propension à l'addiction est un facteur bien mal élevé !
Et même si je n'ai pas de tocs et que j'ai quand même pas mal d'éthique,
je ne peux pas dire que je me moque de cette putain de génétique.

L'extraction est terminée mais je ne comprends pas bien pourquoi,
quand j'ai écrit, que les mots sont nés, le mal est resté avec moi.
Il ne pèse pas bien lourd, c'est juste une petite tache,
mais elle imprègne mon loup et ne partira pas à coup de hasch !
Rien n'y fait, je crois que c'est indélébile.
Je ne peux pas tirer un trait et cesser de me faire de la bile.
La bille de mon crayon ne cesse de tourner
et elle habille mon carnet qui va se mettre à fumer.
C'est ma nouvelle addiction, elle met à l'épreuve ma diction,
ma lâcheté n'est pas en option, je reste face à mon manque d'action.
Car c'est bien souvent que j'y pense mais je ne trouve pas le courage.
Face à mes vieux, moi j'ai l'intense sentiment de n'être pas assez sage.
Pas assez sage : de n'être pas la petite fille modèle
qui le dimanche va voir pépé et mémé chaque semaine.
Et je sais maintenant que de jours en jours le fil du temps se démêle
et je voudrais qu'avant que les nœuds s'en aillent, que le fil soit plat, je me tourne vers elle.